Style Haussmannien et post-Haussmannien : comment faire la différence ?

Dans une annonce de vente immobilière à Paris, un simple mot peut faire grimper le prix : « haussmannien ». Typiquement parisien, ce style concerne un peu plus de la moitié du patrimoine de la capitale. Qu’il s’agisse de la façade en pierre de taille, des balcons filants ou encore des riches décors au niveau des encadrements des fenêtres, plusieurs éléments sont caractéristiques de cette période pendant laquelle le Baron Haussmann a voulu transformer la ville. Mais pour les plus grands passionnés d’architecture, il est utile de savoir qu’il existe une distinction entre haussmannien et post-haussmannien : comment la réaliser ? Explications !


Une question de dates avant tout


Pour faire la différence entre un immeuble haussmannien et un autre post-haussmannien, quelques petits rappels historiques s’imposent. Entre 1830 et 1850, les constructions parisiennes adoptent le style « Louis-Philippe », assez proche du style « Restauration » qui l’a précédé. Plutôt sobres, les façades commencent à arborer davantage de décorations autour des années 1840… Il s’agit des prémisses du style haussmannien !

Ce dernier apparaît nettement en 1850, à l’arrivée au pouvoir de Napoléon III : il rêve d’un Paris plus sain, mais aussi plus beau : c’est le Baron Haussmann qui gère ce vaste projet d’urbanisation visant à démolir d’anciens bâtiments et à en construire de nombreux (34 000 environ).

Le style haussmannien survit pendant environ 60 ans en tout, jusqu’en 1914, mais il ne faut pas oublier qu’il rencontre malgré tout quelques évolutions (on a commencé par des immeubles de 5 étages maximum, avant de monter jusqu’à 6 étages dès 1859, par exemple).

Finalement, dans la quinzaine d’années suivant le début du projet Haussmann, entre 1870 et 1895, on ne parle plus de style haussmannien à proprement parler, mais de « post-haussmannien ».


Le style haussmannien, symbole de l’élégance et de l’opulence


Tout au long de la période haussmannienne, on s’attache à construire de magnifiques immeubles en pierre de taille, avec des striures horizontales au niveau des rez-de-chaussée et entresols, des balcons filants dès le 2e étage nantis de belles consoles à la base, et parfois d’autres balcons identiques sur les étages supérieurs.

Le style haussmannien implique aussi de laisser davantage de place entre les fenêtres, l’occasion d’intégrer des moulures et décors tout autour pour valoriser la créativité des architectes. D’ailleurs, pendant la période haussmannienne, chaque façade d’immeuble est datée et signée par son architecte !


Le style post-haussmannien, toujours créatif, mais plus subtil


Au début des années 1870, la vie parisienne est particulièrement agitée : en guerre contre l’Allemagne, Paris est même encerclée par les ennemis à partir du 17 septembre 1870… l’armistice et le cessez-le-feu n’interviendront que plusieurs mois plus tard, au 28 janvier 1871.

Malgré tout, Paris continue de se métamorphoser, dans un style très proche des caractéristiques haussmanniennes, avec tout de même quelques variantes. En effet, d’une manière générale, on identifie les immeubles de cette seconde période comme plus sobres. Qu’il s’agisse des consoles sous les balcons ou des frontons sur les façades, les détails deviennent plus discrets, moins contrastés avec le reste de l’ensemble. On garde tous les éléments indispensables à la structure du bâtiment, mais on prend moins de temps sur la partie purement ornementale de chaque projet.

Un peu plus tard, autour de 1884, les règles de construction dans le style haussmannien s’assouplissent, ce qui permet un regain de créativité dans le domaine. Ainsi, sur ces immeubles érigés entre 1885 et 1895, il n’est pas rare de voir des détails inspirés de tous styles (grec, gothique, Renaissance, etc.). Les fenêtres sur plusieurs niveaux, que l’on appelle en architecture des « oriels », deviennent également autorisés entre le deuxième étage et la corniche.


Les dernières réalisations dans le style haussmannien


On peut encore parler d’immeuble haussmannien pour toutes les réalisations édifiées avant 1914. Entre 1895 et 1914, Paris vit les derniers élans de ce style qui aura perduré pendant plus de soixante années en tout.

Encore une fois, en 1902, de nouveaux assouplissements donnent plus de flexibilité aux architectes. On voit apparaître des balcons plus profonds, jusqu’à 1,20 mètre (contre 40 cm maximum auparavant). Les oriels deviennent moins rares, parce qu’ils peuvent aussi être placés sur les étages supérieurs à la corniche et, entre eux, il n’est pas impossible de construire des loggias.

Les dernières réalisations du style haussmannien se matérialisent également par des toits visiblement plus volumineux, car il est alors possible d’avoir une meilleure hauteur sous les combles. Enfin, au niveau des angles, les arrondis deviennent de plus en plus fréquents, donnant naissance à des dômes très caractéristiques au sommet de constructions.


Au-delà des époques, des classes d’immeubles haussmanniens


Vous pensez tout savoir des immeubles haussmanniens, maintenant que vous avez saisi les principales différences entre les périodes que l’on distingue ? Notez bien qu’on parle aussi de plusieurs classes d’immeubles dans le genre, et que cela peut tout changer sur le cachet des logements à l’intérieur.

En effet, les immeubles de première classe comportent théoriquement quatre étages, avec de grands appartements idéaux pour les familles, et des remises sur la cour. La deuxième classe peut aller jusqu’à 5 étages et se caractérise par la présence d’un escalier de service. La troisième classe, quant à elle, peut culminer à 5 ou 6 étages, sans escaliers de service et avec généralement des volumes inférieurs à l’intérieur, moins de balcons et de décorations.

Autre indice qui peut vous aider à savoir si vous faites face – ou non – à un immeuble haussmannien bourgeois : ceux-ci ne comportent pas de commerces au rez-de-chaussée.


Le charme d’un intérieur haussmannien, très recherché à Paris


Les beaux appartements haussmanniens abritent des cheminées aujourd’hui décoratives, intervenant comme un vrai atout pour apporter du cachet à la pièce. Au niveau des murs, sur les portes, au plafond et même sur les cheminées, on trouve toujours de belles moulures qui contribuent à l’élégance de l’intérieur, tout comme les parquets massifs chaleureux à souhait.

Les beaux appartements haussmanniens se vendent très vite à Paris, car ils sont extrêmement recherchés : si vous rêvez d’emménager dans ce genre de logement, n’hésitez pas à faire appel aux services d’un chasseur de bien.